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L'écrivaillon
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  • Publication de textes, un peu de tout, avec un nouveau chapitre de roman tous les vendredis ! Le but est de tester des trucs, de s'amuser, donc vous pouvez (vous devez) pointer du doigt les défauts mais ne vous prenez pas trop la tête :) Toolite, Emili
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2 janvier 2015

Hirokane Chap 4

Il est tout beau, il est tout chaud et il vous souhaite bonne année. C'est le quatrième chapître de l'histoire d'Hiro et Akane. Bonne lecture !

 

Chapitre 4

 

Le temps s’était figé l’espace d’un instant et une petite bulle semblait s’être formée autour des deux jeunes filles. Akane ne savait pas vraiment ce qui l’avait poussée à faire ça, mais elle ne regrettait pas son geste, pour une fois. Voir Hiro ainsi marquée à vie était la goutte de trop, celle qui avait fait déborder le vase de ce qu’elle pouvait supporter. Maintenant, elle en avait la certitude, elle aiderait cette fille quoi qu’il lui en coûte. Akane s’attendait à se faire repousser vu l’attitude habituellement froide et distante de la délinquante, mais au lieu de ça, elle eut la surprise de sentir les bras d’Hiro se resserrer autour d’elle. L’étudiant se mit à sourire légèrement, profitant de la chaleur et de la douceur de cette étreinte avant qu’un éclat de rire dans le couloir ne vienne briser cette fragile bulle de sérénité. Akane se recula en bafouillant, réitérant sa demande auprès de la japonaise qui hocha simplement la tête.

 

La magie de l’instant était brisée, mais ça n’avait pas d’importance, l’étudiante était soulagée d’avoir eu cette discussion, elle était enfin en phase avec elle-même, libérée d’un énorme poids. D’un coup d’oeil vers l’horloge, elle constata l’heure avancée et se tourna vers Hiro qui n’avait pas bougé, lui expliquant qu’elle devait aller se doucher. C’était difficile de retourner à des préoccupations aussi banales après une discussion aussi intime et profonde, le temps lui avait paru s’arrêter, mais elle avait tord ; la terre avait continué à tourner sans elles.

“J’en ai pas pour longtemps … euh fais comme chez toi, même si c’est pas le grand luxe ici …”

L’étudiante s’éclipsa rapidement et traversa le couloir aussi vite que possible afin d’éviter les rencontres fortuites. Elle détestait l’idée de croiser d’autres personnes dans les douches ou pire, après, vêtue de son magnifique pyjama rose à motif de lapin. “Merci maman …” souffla-t-elle intérieurement. Les douches étaient forte heureusement désertes. Akane entra et se lava en une dizaine de minutes avant de revenir dans la chambre, les cheveux encore mouillés. Elle resta quelques secondes devant la porte, sans oser entrer. Et si Hiro avait profité de son absence pour partir ? Ses réactions étaient tellement imprévisibles que tout devenait possible, même si elle avait donné l’air de coopérer. Et si elle ne voulait pas être aidée, tout simplement ? Avec son caractère solitaire et mystérieux, c’était peut être un choix de vie, finalement. Cette idée lui glaçait le sang, elle se dépêcha de passer le seuil pour en avoir le coeur net.

 

Hiro l’attendait tranquillement dans un coin, un livre sur les genoux, Akane soupira de soulagement. En fait, la japonaise donnait presque l’impression d’avoir pris ses marques dans la chambre de l’étudiante et de profiter d’un moment de calme au chaud, le visage débarbouillé comme par magie (ou plus vraisemblablement au dessus de l’évier). Quand elle leva la tête vers Akane, la délinquante se mit à sourire, puis à partir dans un fou rire incontrôlable en pointant le lapin. Le reste de la soirée se passa tranquillement, pour l’instant il n’était question que de parler de la pluie et du beau temps, Hiro ayant l’incroyable capacité de détourner la conversation avec brio à chaque fois qu’Akane essayait de l’amener à parler d’elle, notamment sur ce qui l’inquiétait ; l’origine de ces cicatrices qu’on ne pouvait pas manquer. L’aiguille de l’horloge avança doucement, s’approchant dangereusement du sommet de son cercle, et l’étudiante ne put plus se retenir de bâiller.

“T’as qu’à prendre le lit, je vais dormir sur le fauteuil … Bonne nuit !”

Sans laisse le temps à Hiro de protester, Akane la poussa sur le lit, se retenant de la border, et elle alla se jeter sur le fauteuil où elle s’enveloppa d’une couverture. Elle avait connu pire comme endroit où dormir, un sac de couchage dans le salon parce que les chambres étaient occupées par de la famille lointaine, le siège passager d’une voiture. Bref, ce fauteuil bon marché était un lit d’appoint parfait. Il n’y avait plus qu’à trouver le sommeil, mais elle ne s’inquiétait pas pour ça. Tout était en train de s’arranger, elle allait trouver comment aider cette fille à sortir de la rue et de la drogue, se concentrer en cours et réussir son année. Tout le monde allait être heureux, tout allait être parfait.



*****************

 

Le dortoir était plutôt calme de nuit, en dehors des quelques étudiants qui rentraient de soirées, ou partaient, sans avoir connaissance de l’heure Akane n’en était pas certaine. Mais quelque chose était en train de la tirer de son sommeil, un bruit qui ne venait pas de l’extérieur. La brunette releva la tête et cligna des yeux, tentant de distinguer quelque chose dans la pénombre mais rien n’y faisait. Elle essaya de se réveiller un peu mieux en se relevant sur les coudes et ainsi parvint à discerner ce qui l’avait réveillé. Akane se leva presque d’un bond et alla s’asseoir sur le bord du lit, posant une main sur le front d’Hiro.

“Hiro, Hiro, calme-toi, tu fais un cauchemar.”

La délinquante se réveilla de ce qui semblait effectivement être un mauvais rêve, le regard dans le vide, comme fixant quelque chose dans le noir. Elle se dégagea vivement d’Akane, secouant légèrement cette dernière, avant de sortir du lit. L’étudiante la regarda d’un air étonné et inquiet, elle allait lui dire que tout allait bien mais Hiro était déjà à la porte et quitta la chambre sans un regard en arrière, laissant Akane complètement abasourdie. Quelques secondes ou minutes passèrent avant que la jeune fille ne reprenne pieds et décide de lui courir après. Akane quitta sa chambre en pyjama, non sans avoir pensé à fermer la porte derrière elle. Elle traversa le couloir et dévala l’escalier vers la sortie principale du bâtiment mais Hiro n’était pas là. L’étudiante revint à l’intérieur du bâtiment, cherchant la silhouette de la japonaise dans le hall principal, l’imaginant déjà loin, avant de remarquer la sortie de secours de l’autre côté. Elle s’y précipita et réussit finalement à trouver Hiro, les mains posées sur la rambarde d’un escalier délabré. Akane s’approcha doucement, esquissant un geste vers elle, mais celle-ci se retourna soudainement, prenant l’étudiante au dépourvu encore une fois.

“Hiro … est-ce que …”

Akane n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’Hiro la prit dans ses bras et déposa un baiser brûlant sur ses lèvres. L’étudiante resta immobile, trop choquée pour faire quoique ce soit, et ce fut finalement la japonaise qui mit elle-même fin au baiser en se reculant, ce qui permit à Akane de voir son regard encore dans le vague, avant qu’elle ne cache son visage dans le cou de l’étudiante encore sonnée.

“Il n'y a rien de dégoûtant, ni même de démoniaque à aimer les filles, n'est ce pas ?”

Le coeur d’Akane se serra. C’était donc cela qui perturbait autant Hiro ? Elle voulait lui dire que tout irait bien, qu’il n’y avait pas de raison de se mettre dans des états pareils … Mais ce serait tellement stupide, comme si quelques mots rassurants pouvaient vraiment refermer une blessure aussi profonde. Akane se contenta de resserrer ses bras autour de la japonaise, laissant la question d’Hiro résonner dans sa tête le temps que des mots plus utiles jaillissent de son esprit. Ses doigts glissèrent lentement dans le dos d’Hiro pour remonter vers ses longs cheveux bruns qu’elle caressa doucement. Que pouvait-elle faire d’autre ? Tout était tellement embrouillé dans son esprit, mais Akane parvint finalement à formuler quelques mots.

“Tu sais Hiro, je n’y connais pas grand chose. Mais de ce que j'en sais, ce que je comprends, c'est que l'amour à lui seul peut être démoniaque quand je vois comment une seule personne peut remettre sa vie en question pour une autre. Mais en quoi aimer une fille serait différent d’un homme ? Si ton cœur est brisé alors la douleur sera la même, si tu es heureuse, alors ton bonheur sera égal ... Pour ce qui est du côté dégoûtant ... eh bien ... je m'y connais vraiment pas mais je ne suis pas dégoûtée quand tu m'embrasses, alors je suppose que non …”

Sa réponse lui paraissait tellement confuse, tellement clichée et surtout tellement inutile. Mais c’était tout ce dont elle était capable pour l’instant. Maintenant, il fallait songer à ramener Hiro dedans, pour qu’elle ne prenne pas froid en plus.

“Hum … on ferait mieux de rentrer, il fait pas super chaud ici et je suis pas habillée pour une promenade au clair de lune.”

 

********

 

Hiro entra juste après Akane dans la chambre, non sans jeter un coup d’oeil au magnifique pyjama rose de son hôte, un spectacle dont elle ne se lassait jamais. Quel type de personne porte ça à l’université ? Visiblement le mêmes qui pensent à fermer la porte de sa chambre avant de courir après quelqu’un. La japonaise passa une main sur son visage pour cacher un sourire naissant. Tout chez cette fille lui donnait envie de rire, tant ses réactions étaient bizarres, pour ne pas dire stupides. Mais son amusement disparut rapidement à la pensée de ce qui allait suivre ; une discussion longue et profonde, le genre qu’elle ne voulait pas avoir. Sauf qu’elle lui devait au moins la vérité, à cette fille qui s’était lancée dans le pari fou de l’aider, sans rien savoir d’elle. Évidemment Hiro n’y croyait pas une seule seconde, mais elle était curieuse de voir combien de temps Akane allait tenir. Trois jours ? Une semaine ? Et puis… il y avait quelque chose de rassurant dans cette main innocente qu’elle lui tendait pour l'entraîner dans sa chambre. Hiro essaya de se souvenir à quand remontait la dernière fois qu’une personne s’était montrée aussi gentille avec elle, sans y parvenir.

 

Une fois à l’intérieur, Akane l’invita à s’asseoir sur le lit, à côté d’elle, chose qu’Hiro fit sans se plaindre, réfléchissant seulement à ce qu’elle devait dire ou faire.

“Tu veux bien me dire ce qui ne va pas ou bien c’est trop personnel ?”

Vaste question. Les restes de son cauchemar étaient encore présent dans son esprit, elle se souvenait de ce sentiment d’abandon qu’elle avait ressentit au réveil, cette solitude abyssale qu’elle n’arrivait pas à faire disparaître, jamais complètement. Le souvenir de l’air frais contre sa peau était encore vif, elle pouvait encore sentir le froid infiltrer ses poumons et son esprit s’échauffer à chercher de l’alcool, ou n’importe quoi d’autre pour se faire griller le cerveau, pour oublier. Et puis Akane était arrivée, tout le reste avait disparu d’un coup. La seule pensée qui restait n’avait rien de catholique, elle n’était que bestialité et abandon, mélangés de manière confuse. Elle n'aurait pas d'alcool, elle n'aurait pas de drogue mais il lui fallait quelque chose, quelque chose qui, à défauts de lui faire oublier, lui rappellerait que non, elle n'était pas un monstre. Mais elle n’avait pas pu, à cause de cette stupide affection qu’elle ressentait pour cette fille qu’elle ne voulait pas blesser.

“Hiro, ta main tremble …

- Hein ? Ah oui, c’est rien. C’est … C’est les premiers effets du manque. D’habitude, quand je me lève au milieu  de la nuit comme ça, je bois jusqu’au petit matin.

- Oh … Pourquoi ?

- Parce que je me sens si … angoissée … et seule. C’est insupportable.

- C’est ce qu’il s’est passé la dernière fois, en cours ?

- Même pas, mais c’est lié oui, d’une certaine manière. Tu n’as pas envie de connaître tous les détails, je t’assure.”

Le silence s’installa de nouveau, Hiro sentait qu’Akane avait encore d’autres questions à poser, mais elle même n’était pas pressée d’y répondre. Se dévoiler était toujours un acte difficile, intime, elle ne voulait pas la faire fuir en racontant tout d’un coup, et en même temps elle avait besoin d’en parler, sans avoir jamais trouver d’oreille attentive pour l’écouter. Une question s’échappa finalement des lèvres de l’étudiante, avec un aplomb inébranlable :

“Hiro … hum … pourquoi est-ce que tu m’as embrassée ?

- Et bien c’est à dire que … Sur le moment ça m’a semblé être la meilleure chose à faire.”

Hiro se gratta la joue, cherchant vainement à cacher un rougissement. Elle remarqua alors qu’Akane fixait ses cicatrices, avec cet air de pitié que la délinquante connaissait bien. Un sentiment qu’elle n’aimait pas car il la renvoyait à son état pathétique, mais elle le comprenait et ne pouvait pas le blâmer.

“Ne fais pas cette tête, ça ne fait plus mal depuis longtemps. Ce ne sont que des cicatrices, je ne me souviens même plus d’où certaines viennent. Si tu veux vraiment blesser quelqu’un, donne lui quelque chose et reprend lui. J’ai été riche, j’ai été aimée … et j’ai tout perdu. Ça… ça fait tout de suite beaucoup plus mal.

- J'ai vu ma mère blessée par le départ de mon père, par sa trahison en quelque sorte. Ils vivaient bien, à deux, elle était aimée et elle ne se souciait pas de l'argent. Puis il est parti. Ma mère a été effondrée pendant les premiers temps, ensuite elle a changé. Elle aurait pu mal tourner, même à son âge. Mais non, elle a juste arrêté d'être la mère dans la famille, après tout, une mère sans père pour l'épauler ... Je crois qu'elle n'a pas voulu se battre. Alors j'ai décidé de le faire à sa place, c'est comme ça que je suis devenue Akane la guerrière, la travailleuse, la robuste. Enfin, je sais pas pourquoi je te raconte ça mais ... je me dis que j'aurais pu mener la même vie que toi, et quelque part je ne sais pas ce qui m'en a empêché ... Sûrement l'amour, l'amour qu'il y avait entre ma mère et moi.”

Hiro n’avait pas lâché Akane des yeux une seule seconde. Si la délinquante avait compri l’enfance délicate que l’étudiante avait eu, elle découvrait là l’origine de son altruisme démesuré. Elle passa son bras sur ses épaules pour la serrer contre elle. Quelle idiote. Même maintenant elle ne voyait pas tout ce qui les différenciait toutes les deux, à quel point elle était mille fois plus forte que la japonaise ne le serait jamais, et infiniment plus courageuse. Hiro n’avait fait que fuir toute sa vie, là où Akane s’était battue de toutes ses forces.

“Cette fille que t'a traitée de "salope" la dernière fois, tu n'as sûrement pas été correcte avec elle, mais elle n'a pas cherché à comprendre pourquoi. Elle n'a vu que sa propre blessure, sans chercher à savoir que les tiennes étaient cachées derrière un masque. Je suis sûre et certaine qu'elle n'aurait pas réagi de la même manière sinon. Bon, elle ne t'aurait peut être pas fait un gros câlin amical non plus, mais elle ne t'aurait sûrement pas insultée.”

Akane approcha son visage de celui de Hiro, déposant un chaste baiser sur le coin de ses lèvres. La délinquante frissonna en sentant une main remonter doucement le long de son dos.

“Je pense que cette fille était totalement dans son droit. Ce n'était pas honnête de ma part de la séduire pour m'amuser une nuit. Et contrairement à ce que tu penses, j'ai toujours été quelqu'un d'assez...volage. Après, c'est vrai que je ne force personne, comme je te l’ai dit je suis l’attraction de ces dames, le petit grain de folie qui prend les gens à l’entrée à l’université. Pour mon plus grand bonheur.

- Hum … Toi, volage ? Je l’aurais pas deviné tiens …”

Un sourire qui mélangeait un genre de tendresse et de plaisanterie traversa le visage d’Akane. Hiro leva les yeux aux plafonds en esquissant un sourire. Le silence se fit, plus apaisé et naturel qu’avant. La délinquante posa la tête contre le mur, bercée par une somnolence soudaine. La crise était passée, elle n’avait pas eu à raconter grand chose sur elle, finalement. Mais elle était tout de même libérée d’un poids, elle savait qu’elle pouvait lui parler en toute franchise, sans détour. Même si elle ne pouvait pas tout lui dire, même si ça n’allait sûrement pas durer longtemps, Akane semblait la comprendre plus que n’importe qui d’autre.

“- Qu’est ce qu’il va se passer demain ? Je veux dire, pour toi.”

Hiro ouvrit un oeil, constatant qu’Akane était resté parfaitement éveillée. Son visage montrait une certaine forme d’inquiétude, peut être une prise de conscience de ce dans quoi elle s’était embarqué, ou bien tout autre chose.

“ Hmmm …  déjà je ne vais pas retourner en cours, c’est évident. Je pense que je vais traîner un peu dans la salle de sport, au moins pour squatter le chauffage et les douches et puis … et puis j’aurais un petit rendez vous avec mon dealer.”

Sans grande surprise, Akane sursauta devant un telle franchise. Pourquoi lui mentir après tout ? Si la question n’avait pas encore été clairement évoquée, le rapport intime entre Hiro et la drogue était une évidence. C’était pour elle l’occasion parfaite de tester les nerfs de cette fille, voir ce qu’elle valait vraiment au delà des belles paroles et des promesses vides de sens. Cette petite provocation risquait tout de même de lui coûter une nuit au chaud et une relation agréable. En fait, la japonaise commençait déjà à regretter ses mots en voyant son hôte plongée dans une intense réflexion.

“Tu bois et tu te drogues pour oublier un passé que tu ne supportes pas c’est ça ? Mais c’est aussi pour ça que tu sautes sur tout ce qui bouge, j’ai raison ?

- C’est un peu plus compliqué mais on peut dire que oui …

- Si tu as l’un tu n’as pas besoin des deux autres alors ?

- Où est ce que tu veux en venir … ?

- Si je te propose … Si tu viens me voir à chaque fois que ça va pas, tu arrêteras de te faire du mal ?”

Hiro resta perplexe devant cette proposition pour le moins mystérieuse. Elle avait peur de comprendre, et en même temps de se tromper dans son interprétation. Mais Akane appuya sa question en se rapprochant de la délinquante, se serrant contre elle bien plus que nécessaire, avec un mélange de maladresse et de timidité. C’était ce manque total d’assurance qui dérangeait Hiro, comme si cette fille ne savait pas elle même ce qu’elle faisait, agissant plus par impulsivité qu’autre chose.

“ Est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ?

- Hein … euh oui. Je … Je veux t’aider, j’ai pas envie de te voir te détruire un peu plus. Mais peut-être que je propose trop …”

Le rouge monta aux joues de l’étudiante qui, même si elle se rendait compte de ce qu’elle disait, de ce qu’elle proposait à Hiro, n’avait peut-être pas conscience de la portée de son geste. Elle inspira profondément avant de planter son regard dans celui d’Hiro.

“Si tu m’as moi, alors tu n’auras pas besoin du reste. C’est suffisant pour moi, pour t’aider.

- Tu as bien conscience du fait que ça ne réglera pas tout le problème pour autant ?

- Si ça peut t’aider, même un peu, à contrôler tes envie, alors ça me va.

- Tu vas le regretter …

- Peut être, je prends le risque.”

Sous le manque d’assurance, il y avait de la détermination et c’est ce qui l’emporta à la fin. Akane déposa un nouveau baiser sur les lèvres d’Hiro, beaucoup plus doux que tous les précédents, et aussi beaucoup plus long. Son corps bascula lentement en arrière, recouvert par celui de la délinquante, un feu prenait naissance dans son ventre, à une vitesse et une ampleur qu’elle n’aurait pas cru possible dans une telle situation, un petit gémissement s’échappa de ses lèvres quand elle sentit une main glisser le long de son ventre. Puis la délinquante s’arrêta net, se redressant tout d’un coup.

“ Ca va pas être possible, j’ai l’impression de te forcer et je fonctionne pas comme ça.

- Bon Dieu de merde …”

Akane attrapa son débardeur à deux mains, attirant la japonaise à elle sans lui laisser l’occasion de s’échapper encore une fois. Il y avait eu ce baiser dehors, bref mais brûlant, puis d’autres plus léger, et il y avait celui qu’elles échangèrent à cet instant pour aider la délinquante à combler son manque.



*                   *

 

*

 

“... m’écoutes ? Akane tu m’écoutes ?

- O-oui M’man désolée j’avais la tête ailleurs …

- Tout va bien tu es sûre ? Tu avais l’air bizarre l’autre fois et là encore …

- Non tout va bien, vraiment. Et toi ? Tu prends bien ton traitement hein, je sais que je suis pas là pour te le rappeler mais …

- Ne t’en fais pas, j’y pense …”

Elle était inquiète pour sa mère, c’était idiot de se focaliser sur quelques pilules alors que sa mère était tout à fait capable de se gérer seule, et pourtant Akane ne pouvait pas s’empêcher de la surprotéger, depuis toujours. Et d’un autre côté, il y avait tant de choses qu’elle voulait lui raconter mais qu’elle n’osait pas dire à voix haute, de peur de l’inquiéter aussi. Elle voulait lui parler de cette “amie” qu’elle avait décidé d’aider mais elle aurait bien du mal à lui expliquer pourquoi elle l’aidait d’une manière aussi étrange. Akane ne comprenait d’ailleurs toujours pas cette proposition qu’elle avait faite et il lui fallut toute la volonté du monde pour arrêter de rougir et ne pas fuir se cacher sur l’instant. La voix de sa mère la sortit de ses pensées.

“Tu comptes rentrer pendant les prochaines vacances ?

- Hein ? Euh oui je suppose … Sauf si tu as prévu de partir faire un voyage sans moi, auquel cas je resterai dans mon boudoir étudiant.

- Idiote, tu sais que tu peux revenir à la maison quand tu veux. Allez file en cours, je t’aime.”

Akane sourit dans le vide tout en lui répondant qu’elle l’aimait aussi. Elle aimait tellement sa mère, même si celle-ci avait été trop faible pour se relever après le départ de son père. Mais pourrait-elle rentrer pendant les vacances ? Est-ce que ce serait sûr de laisser Hiro seule ? Akane soupira, non elle ne savait pas dans quoi elle s’était embarquée, vraiment pas, mais elle en prenait conscience petit à petit. Le souvenir de la veille la fit rougir, et elle serra le téléphone entre ses mains, ne sachant quoi penser de son excitation d’adolescente. Après tout, aussi bien que ça ai été, ça ne voulait rien dire, c’était juste … C’était quoi en fait ? Un étrange compromis, un peu fou ? C’était quelque chose qui demanderait plus de réflexion que ce qu’elle était capable de faire pour l’instant, il était tôt, elle avait du boulot et tout était encore trop frais dans sa tête. Ses joues rougirent un peu plus avant qu’elle ne secoue la tête pour ne plus y penser, en vain. Une part d’elle craignait d’avoir l’inverse de ce qu’elle voulait, qu’Hiro disparaisse maintenant qu’elle avait eu ce qu’elle voulait. Akane porta ses mains à son visage, ses doigts étaient glacés et ses joues brûlantes, c’était parfait pour se rafraîchir les idées.

L’étudiante posa son téléphone sur son bureau avant de se laisser tomber sur le lit, fixant le plafond à la recherche d’une explication. Elle avait du boulot oui, mais son esprit était trop préoccupé qu’elle puisse penser à autre chose. Il y a quelques petites heures, Hiro avait quitté la petite chambre universitaire d’Akane après lui avoir assuré qu’elle ne resterait plus dormir, que cette nuit-là était une exception mais qu’elle ne voulait pas instaurer une relation de dépendance entre elle. L’étudiante pouvait comprendre pourquoi, après tout, Hiro n’avait pas l’air d’être le genre de personne que l’on enferme mais, à cause de ça, elle n’avait aucun moyen de la contacter.

“Pourquoi j’en aurais besoin, merde quoi … C’est elle qui est supposée venir me voir quand ça va pas …”

Akane finit par se cacher sous son oreiller à force de parler toute seule et de réfléchir. C’était bien ça le deal, cet accord pour le moins étrange et tout le problème, c’était Hiro qui décidait de tout.

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