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L'écrivaillon
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  • Publication de textes, un peu de tout, avec un nouveau chapitre de roman tous les vendredis ! Le but est de tester des trucs, de s'amuser, donc vous pouvez (vous devez) pointer du doigt les défauts mais ne vous prenez pas trop la tête :) Toolite, Emili
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28 novembre 2014

Hirokane chap 2

C'est encore et toujours Emili ! 

On arrive, en toute logique, au deuxième chapitre de cet histoire. J'ai eu quelques retours, certains m'avaient déjà donné leur avis depuis looooongtemps, rien de bien nouveau. Par contre, je vois que personne n'a encore commenté. C'est mal ! Pourquoi ? Parce que le but de ce blog est de concentrer les lecteurs pour que vous puissiez nous donner votre opinion, en discuter, etc etc. Le but n'est pas vraiment de plaire, ces histoires sont clairement imparfaites, c'est la raison pour laquelle le retour est important ; plus il y a aura de remarques, plus on pourra cerner nos défauts et les corriger.

 

Bon lecture quand même et surtout, bon week end ! ^^

 

 

 

CHAPITRE 2



Hiro, ne sachant pas à quelle heure Akane sortirait de cours, avait passé son après-midi dans la salle de sport. Même pour la personne la plus sportive du monde, ça faisait un petit bout de temps à occuper. Mais elle ne s’était pas pour autant ennuyé, il y avait toujours des tas de choses à faire, des dizaines de machine à utiliser, ou juste des gens à regarder. Elle avait d’ailleurs son coin préféré, du côté des tapis roulant où elle pouvait marcher tranquillement, l’air de rien, juste en face d’un groupe de fille en train de faire semblant d’utiliser une machine. Un regard sur le côté lui permis de confirmer ses doutes : toute la rangée de tapis avait été prise d’assaut par la gente masculine, et les paramètres poussés à fond. Aaah, l’effet que pouvait faire les pantalons de yoga … Évidemment ça ne dura pas longtemps, la moitié était déjà rouge et coulant de transpiration alors qu’aucune des filles n’avait encore levé la tête de son téléphone. Hiro était, quant à elle, déjà passée à autre chose depuis longtemps. Elle cherchait une machine qui pourrait l’occuper un moment, mais près de la porte pour qu’Akane puisse la voir facilement en arrivant. Son regard se porta sur l’horloge murale : 19h30. Il commençait à se faire tard et la salle se vidait. Et si elle ne venait pas ?

 

Allongé sur un banc de musculation, Hiro mangeait lentement une pomme piquée dans les vestiaires en début d’après-midi. Dans le fond comme en surface, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle attendait encore son prétendu rendez-vous. Akane avait juste dû changer d’avis une fois dans sa salle de cours, se faire des amis et finir sa première journée à l’université dans une soirée lambda. C’était sûrement mieux comme ça. Elle, en train de s’amuser et de se construire une vie sociale, et Hiro, seule, dans une salle vide à manger une pomme. En fait, le mieux c’était peut être de ne pas y penser. La délinquante se releva pour jeter le trognon de sa pomme vers une poubelle avant d’aller soulever la barre de son banc de musculation, plus pour s’occuper l’esprit que par envie.

« Surtout, rappelles toi de bien t'hydrater quand tu fais du sport !  »

La barre faillit lui échapper des mains, au point qu’elle préféra la reposer sur son socle le plus rapidement possible, avant de chercher à savoir qui avait osé l’interrompre en plein effort. Akane. Portant un vieux tshirt blanc trop grand et un jogging tout ce qu’il y a de plus banal, une bouteille d’eau tendue vers Hiro. Avant de s’en saisir, la délinquante attrapa une serviette qu’elle avait posé sur le rebord pour essuyer la sueur qui perlait sur son visage, cachant ainsi un sourire de satisfaction qu’elle n’arrivait pas à retenir. Elle était venue, finalement.

« Oui maman. Alors, laquelle de ces magnifiques machines tu veux tester ? »

Akane s’accorda une courte réflexion qui laissa à Hiro le temps de boire un peu.

« Hum ... je m'entraînais à porter des poids pendant mon travail, j'ai d'ailleurs failli casser le pieds de ma patronne quand elle m'avait pris le plateau des mains, héhé ... Je dirais ... pourquoi ne pas essayer celle-ci ? »

Akane désigna du bout du doigt le banc de musculation où Hiro était encore assise, celle-ci se leva pour lui laisser la place. L’étudiante s'allongea alors sur le banc et entreprit de soulever la barre, sachant Hiro pas très loin, elle était en sécurité si un incident devait arriver, normalement. Bien sûr, Akane ne put s’empêcher de penser qu’elle était en sécurité tant qu’il n’était pas avéré qu’Hiro était quelqu’un de peu fréquentable et tant qu’elle ne vérifiait pas cette théorie de morceaux et de sacs poubelles. Son regard se posa sur cette fille qui était presqu’une inconnue, comme si elle pouvait en apprendre plus en la regardant en contre-plongée. Mais rien n’y faisait, le mystère était toujours entier, et son appréhension mêlée de curiosité aussi. Akane souleva finalement la barre, plus facilement qu'elle ne l'aurait cru, ses entraînements acharnés avec son plateau de service avaient finalement portés leurs fruits, contre toute attente. Elle sourit à Hiro du mieux qu'elle put pendant son effort, sa partenaire de souffrance se tenait juste au-dessus d’elle. Au bout de quelques petites minutes, elle commença à transpirer et ses mains devinrent moites. Elle voulut lever la barre pour la replacer sur son socle mais une de ses mains glissa. Akane laissa échapper un petit cri de surprise et de peur.

 

Mais la barre  de métal ne s’écrasa pas sur son visage, Hiro l’avait arrêtée juste à temps et rapidement reposée avant que quelqu’un ne se blesse. Un petit rire nerveux s’échappa de sa gorge, dû au relâchement d’un stress trop violent. La japonaise s'agenouilla, embrassant la petite tête intacte d’Akane.

« Tu devrais favoriser les machines moins dangereuses à l’avenir. Même si, heureusement, il y a eu plus de peur que de mal. »

Akane se releva d'un coup, manquant de tomber du banc de musculation, et n'osant faire face à Hiro, elle murmura un timide "merci". Elle n'était pas habituée aux gestes comme celui-ci. Peu de personnes s'étaient permises ce genre de familiarité et, de celles qui avaient tenté, aucune n'avait survécu assez longtemps pour le raconter. Elle fut d'autant plus surprise qu'Hiro n'avait pas l'air du genre à prononcer des paroles aussi douces après avoir embrassé le front de quelqu'un. Akane se tapota les joues pour dissiper les rougeurs qui y avaient fait surface et se tourna vers Hiro, s'apprêtant à combler le silence pesant de quelques phrases futiles. Mais elle fut interrompue avant d’avoir dit quoi que ce soit pas l’intervention d’une tierce personne.

C’était un homme tout ce qu’il y a de peu fréquentable, avec une veste dix fois trop grande et un baggy qui semblait prêt à tomber à tout moment. Difficile de dire s’il était gros ou mince tant il flottait dans ses vêtements. Son regard se porta sur Hiro comme s’il la connaissait de longue date, celle-ci semblait par contre presque choquée de le voir, Akane jurerait voir une lueur de panique dans ses yeux, suivie d’une pointe d’agacement. Une conversation semblait se dérouler devant elle, alors qu’aucun mot n’avait été prononcé, une conversation de laquelle elle se sentait exclue, une situation étrange dont elle n’était pas habituée et qui la mit mal à l’aise. Et c’est dans le même silence que la japonaise se leva, laissant en plan la nouvelle étudiante sur son banc de musculation, pour aller s’entretenir en privé avec cette étrange personne. L’air nonchalant d’Hiro avait laissé place à une attitude tendue, aux aguets, au point qu’Akane n’osait les observer qu’avec beaucoup de prudence, jetant ci et là quelques coups d’oeil dans leur direction, cachée derrière sa frange brune. Une main serrée en guise d’au revoir attira son attention alors que son regard capta une lueur vert pâle qui disparut aussitôt. Maintenant qu’elle y repensait, ce type était l’archétype d’un drogué. Venait-elle de voir une vente de drogue, en plein milieu d’une salle de sport universitaire ? Hiro était donc vraiment une dealeuse… Akane déglutit, tentant de savoir si elle devait fuir tout de suite ou lui accorder le bénéfice du doute. Son esprit profondément stupide lui accorda le bénéfice du doute. Après tout, elle n’avait rien vu de convaincant, juste un éclat et une situation un peu louche. Et pourtant, une petite voix persistait à lui dire de faire attention.

Quand la japonaise, dealeuse, et probablement serial killeuse revint, un énième silence s’installa. Akane cherchait une manière discrète d’en savoir plus, pour définitivement mettre un terme à toutes ces hésitations.

« Ce n'est pas juste, je t'ai révélé une partie de ma vie mais moi je ne sais rien de toi ... »

Bon, niveau discrétion elle pouvait repasser, mais au moins les dés étaient jetés… Mon dieu, elle allait finir dans une poubelle en cinq morceaux, toute sa vie défilait déjà devant ses yeux, tous ses regrets, tous ses souvenirs. Pourquoi avait-elle posé cette question ? La curiosité était un vilain défaut, un très vilain ... Mais contre toute attente, Hiro n’afficha aucune mine surprise ou énervée, ni même méfiante. Elle était comme avant, comme si rien de tout ça n’était arrivé, comme si personne ne les avait interrompu. Elle l’invita même à poser des questions plus précises sur ce qu’elle voulait savoir de sa vie.

«  Eh bien pour commencer, d'où viens-tu ? Je veux dire, avant ton arrivée ici ... Je ne demande pas un historique complet et détaillé de ta vie, juste savoir pourquoi tu aimes tant le sport. Et puis, comment se fait-il que tu sois sur le campus si les études ne t’intéressent pas ? ... Tu es un mystère Hiro ... Je croyais avoir saisi un peu ta personnalité ce matin ; froide, distante et dragueuse, bien que ça n'ait pas réellement de sens pour moi de draguer une autre fille. En fait, draguer dans sa globalité ne fait pas énormément de sens pour moi ! Mais je pense m'être trompée sur ton compte ... ou alors je l'espère … »

Encore un silence. Décidément, c’était un défilé d’ange qui entrecoupait cette étrange conversation. Finalement, Hiro le brisa avec son calme habituel, le regard au plafond.

« C’est un peu brouillon tout ça mais je pense que j’ai saisi l’idée. Mais … ce que tu me demandes me pose problème. Vois-tu, si je te raconte ma vie, je ne serais plus mystérieuse.

- Je t'ai dit dans quel lycée j'étudiais, reprit Akane, alors tu peux me parler de ceux que tu as fréquenté, avant de quitter le système scolaire. Donnant-donnant, si je te confie une chose de mon passé, alors tu en feras autant ? »

Hiro plongea son regard dans celui d’Akane, pendant une seconde la jeune fille s’attendit à un bon gros “non”, voir à un rire moqueur. C’est vrai que sa proposition avait quelque chose de drôle, avec des allures d’un pacte enfantin de collégienne, d’un plagiat d’”action ou vérité”, et pourtant un petit sourire fendit le visage de son interlocutrice.

« Ca marche. J'ai étudié dans deux lycées. J'ai fait mes études au Japon dans des écoles privées jusqu'à la fin du lycée, puis j'ai été renvoyé de l'établissement et mes parents m'ont envoyé aux Etats-Unis. A Los angeles, dans un lycée privé catholique, j'ai vaguement essayé de terminer ma dernière année mais j'ai finalement quitté le lycée quelques semaines plus tard et par la même occasion la maison où j'étais. »

Pendant qu’Hiro racontait son histoire, Akane l'écoutait, silencieuse, concentrée sur chacun de ses mots. Elle semblait avoir pas mal voyagé, Japon, Los Angeles puis ici, elle venait de l’autre bout du monde. L'espace d'un instant, Akane ressentit de la jalousie, elle qui n'avait jamais dépassé sa pauvre petite région. Et en même temps, tous ces voyages charriaient avec la déscolarisation qu’elle avait subit, au point de partir de chez elle… Pour tomber dans la drogue ? Elle aurait volontiers demandé plus de détails sur les raisons de tout ça, mais Hiro ne semblait pas vouloir en parler. En fait, toutes ces révélations ne faisaient qu’épaissir le mystère qu’elle représentait aux yeux d’Akane.

« Oh au fait je ne me suis présentée qu’à moitié ce matin … Je m’appelle Akane Ayuzawa, et toi ? »

Là c’était bizarre, tout le corps de cette fille semblait supplier de ne pas répondre à cette question pourtant si banale. Un soupire infini sortit de sa bouche dans une immense lassitude, avant de finalement répondre :

« Connerie de pari … Hiromushi Honjô. »

Akane répéta doucement le nom de la japonaise, tentant de se rappeler où elle l’avait déjà entendu, ou bien elle l’avait lu ? Oui c’était ça, elle l’avait lu quelque part et c’était sur un magazine qui était posé sur la petite table du salon de sa mère. Un Cosmopolitan ou quelque chose dans ce genre, elle revoyait parfaitement le contexte, alors qu’elle posait son sac en rentrant de cours, contre le canapé, avant de s’affaler devant la télé.

« Honjô ? Honjô ... comme dans Mizuki Honjô ? Le mannequin dont le mari est à la tête de la sixième fortune du Japon ? C’est une blague ! Des gosses de riches j’en ai croisé quelques uns lors de rencontres entre lycées et …»

Ses poings se serrèrent de rage en repensant à divers types exécrables qu’elle avait eu le malheur de croiser, à leur attitude suffisante quand ils croisaient des élèves d’un lycée moins réputé que le leur. Et Hiro venait du même milieu. Plus que le fait qu'elle ait changé d'écoles si souvent, c'était l'origine d'Hiro qui choqua Akane. Comment, en grandissant dans ce milieu, pouvait-on finir à la rue ? Pourquoi tous ces gosses de riches éprouvent-ils le besoin de s'extirper de leur cage dorée, se demanda-t-elle. Reprenant ses esprits, elle reporta son attention sur Hiro. Celle-ci fixait le plafond comme si une réponse s'y trouvait, sans paraître vexé ou agacé de ce qu’Akane venait de dire. Quoi que, elle n’avait rien dit de particulier, il n’y avait que son attitude pour trahir ses émotions. Bizarrement, cette découverte la touchait plus que les rumeurs de drogue et de prostitution qui pesaient sur Hiro.

« Tu as vécu dans la rue, c'est inattendu vu ton milieu d'origine ... Tu vois quand je te disais que tu resterais toujours un mystère, malgré tout ce que tu viens de me dire, le mystère est encore entier. Pourquoi la petite fille de la famille Honjô a-t-elle fini dans la rue ? Enfin ... c'est un mystère qu'il faudra que je résolve avec le temps. Pour l'instant, je suppose que c'est à moi de parler. »

 

Sans même vérifier si Hiro l'écoutait ou la regardait, elle commença à raconter tout ce qu’elle avait sur le coeur.

« Comme tu peux t'en douter à ma réaction ou même en regardant tout simplement, je n'ai pas grandi dans le luxe, ma mère m’a élevée seule, mais ça c'est une autre partie de la vie d'Akane. Et donc, comme je te l'avais déjà dit, j'ai intégré un lycée pourri car c'est là-bas que les frais d'inscription étaient les plus bas et que c’était le plus proche de chez moi. Il fallait que je travaille pour aider ma mère, et les jobs que peut exercer une étudiante sur son temps libre sont assez restreints. J'ai donc trouvé un travail dans un café du quartier voisin. C’était plutôt crevant mais je tenais le coup, tout aurait été parfait s’il n’y avait pas eu ces types … »

Akane sourit en repensant à ses premiers jours de travail.

« Au début, c'était très difficile pour moi, la clientèle était essentiellement masculine, j’ai pas vraiment connu mon père alors là c’était un monde étrange pour moi. Des gars pas très fins, d’autres plus sympathiques, on avait nos habitués dont certains qui prenaient un peu trop leurs aises. C’était pas le meilleur job du monde mais ça mettait du beurre dans les épinards. Pourtant, je n'avais jamais dit à mes amies du lycée où je travaillais. Va savoir pourquoi, j'avais honte de ce travail. Sûrement parce qu’au lycée j'étais Akane la guerrière, le tyran des garçons et la justicière des filles, alors là, Akane la gentille serveuse ... Et voilà qu’un soir, qui débarque ? Un des abrutis de ce lycée soi-disant supérieur, aux frais d’inscription impayable. Il semblait on ne peut plus content de me voir galérer pour aider ma mère à payer ses factures, et cet espèce de … Sa proposition …  »

Sans qu'elle s'en aperçoive, des larmes avaient commencé à rouler sur ses joues. Elle se souvenait malheureusement trop bien du comportement de ce type qui pensait qu’une fille comme elle, qui ne roulait pas sur l’or, pouvait donc s’acheter. Bien sûr, Akane étant Akane, la suite n’avait pas été jolie à voir, surtout pour lui, mais elle s’était ensuite retrouvée sans boulot. Hiro essuya les larmes d'Akane avec le pouce, elle se permit de laisser sa main sur sa joue. Dans son regard il n’y avait qu’une grande tristesse, sans le moindre jugement. La guerrière devait apprendre à accepter les gestes de réconfort, d'amitié, elle qui s'était toujours coupée de tout intimité, même avec ses amis les plus proches. Elle posa ensuite sa main sur celle d'Hiro et reprit la parole, apaisée.

« Tu dois trouver cette histoire nulle, tellement clichée ... La lutte pour la survie, la lutte des classes ... On dirait l'histoire d'un mauvais roman ! Sauf qu'il n'y avait pas de gentil prince pour m'aider dans les moments difficiles ! Enfin ... je me suis dit qu’ici, ce serait l’occasion de recommencer à zéro, alors je devrais commencer par arrêter de me lamenter !  »

Akane garda la main d'Hiro dans la sienne et la posa sur ses jambes, la serrant entre ses deux mains. Elle s'approcha alors d'Hiro et avant de murmurer un simple "merci" elle déposa un baiser sur le front d'Hiro. Finalement, psychopathe dealeuse ou pas, elle avait été une oreille attentive pendant ces longues minutes qui avaient du être éprouvante tant la vie d’Akane lui paraissait inintéressante.

 

Hiro suivit des yeux sa main qui, enfermé entre celles d'Akane, se déplaçait vers ses cuisses. La japonaise essaya de bloquer de son esprit toutes idées déplacées mais c'était  bien trop difficile pour quelqu’un comme elle.  Mais Akane était en train de lui ouvrir son coeur, de lui confier ses peines et ses tourments. Elle n'avait donc pas le droit de profiter de la situation, même si l'envie était tentante. Et puis, Akane était loin d'être moche, elle était d'une beauté discrète, épuré, le genre qu’on … non ! N’y pense même pas.

Quand Akane lui avait baisé le front, Hiro s’était sentie défaillir, rien de pire ne pouvait arriver pour l'aider à penser à autre chose. Elle avait vraiment un problème pour penser à ça dans une situation pareille. Qui plus est, si elle profitait de la situation maintenant, alors rien ne la différencierait du garçon dont elle venait de parler et qui, malgré tout son discours guerrier, la touchait encore assez pour la faire pleurer. Il fallait qu’elle dise quelque chose d’intelligent, de mature, à défaut d’avoir pu sortir la moindre syllabe depuis le début de cette confession.

« Tu as pu lui casser la gueule j’espère.

- Oui et non. Il a essayé de me gifler, je l'ai mit par terre et on a été invités à sortir et à ne plus revenir. J'étais trop énervée de voir la situation se retourner contre moi pour faire quoi que ce soit, alors je suis rentrée. Je ne l'ai jamais revu mais il a vraiment réussi à mettre la pagaille dans ma vie avec cette connerie.

- C’est impressionnant et en même temps un peu triste. Tu veux me montrer ce que ça donne ? J’ai toujours pris l’aïkido pour un sport de gala un peu inutile. »

 

Akane hocha la tête, suivant Hiro qui s’était déjà levée du banc. Elle avait suffisamment observé les lieux pour connaître les endroits où elle pouvait se battre sans se manger du parquet. Dans un combat réel et sérieux, n’importe quel terrain faisait l’affaire. Il était même conseiller de trouver un coin avec des trottoirs, des bancs ou des blocs de ciment. Mais ça n’avait rien de sérieux, le but n’était pas de se blesser, et dans ces conditions, le petit carré de tapis au fond de la salle serait parfait. Plus que de simples paroles vaines, Hiro avait une idée. Stupide, dangereuse et complètement immature, très loin de ce qu'elle envisageait de faire mais beaucoup plus proche de son réel caractère.

« Habituellement mon arme c’est une batte de baseball, mais je vais me contenter de mes poings, ça te laisse l’avantage. Vas-y.  

- Une batte de baseball ? Sérieusement ?

- Euuhmm, oui, bon, c’est pas important, ramènes toi.

- Eh bien ... C'est à dire que je ne peux pas réellement t'attaquer, l'aïkido visant plutôt à contre attaquer voire couper court à l'attaque de l'adversaire, tout simplement ... Donc, soit tu m'attaques et je te montre que je peux te ridiculiser en quelques secondes soit tu ne m'attaques pas et à ce moment là, tu te ridiculises toute seule ... Alors Hiro, que choisis-tu ? »

Akane lança à Hiro un sourire taquin, affichant un air décontracté. Si Hiro n'attaquait pas elle devrait bien lancer l'offensive, elle s'était trop vantée pour reculer, ce combat, aussi idiot soit il, devait avoir lieu. Akane secoua la tête et fit un pas vers Hiro qui n’avait toujours pas bougé d’un pouce. Elle opta pour un coup de poing, ne sachant pas réellement comment s’y prendre. Sans surprise, Hiro l’évita, presque comme on évite machinalement quelqu’un qui arrive en sens inverse dans une rue bondée. Pire encore, elle réussie à glisser son bras contre Akane pour l’attraper et l'entraîner au sol, avec une fermeté qui ne permettait pas de l’en empêcher.

« En effet, c’était lamentable. Mais bon, je te laisse ta chance dans ton domaine. »

Hiro tendit la main à Akane pour l’aider à se relever. Elle lui accorda une seconde de répit avant de s’élancer pour faire l’exact coup de poings que la jeune étudiante avait tenté de faire, mais avec une vitesse et une force tout à fait différente. Malgré tout, les années d'entraînement avaient payées et Akane pu dévier ce coup en attrapant le poignet pour le tordre, se servant de la force agressive de l’adversaire pour le faire tomber, essence même de cet art martial. Mais Hiro semblait avoir tout prévu, elle se servit de son second bras pour bloquer Akane et se libérer du même coup. Egalité.

« Le problème de ce genre de sport, selon moi, c’est quand tu tombes sur quelqu’un qui connaît les techniques mais qui, en plus, est plus fort et plus rapide que toi. Tous ces trucs de gala ne vaudront jamais un coup de boule. Et puis … c’est bien joli la défense mais dans la vie il faut aussi savoir frapper.

- Je n’en suis pas sûre. Si tu es intelligent tu n’as pas besoin de frapper les gens, c’est juste pour ne pas être esclave des brutes.

- Oh … et donc si tu es face à quelqu’un de tenace - comme moi - tu vas juste le mettre par terre, inlassablement, jusqu’à ce que l’un de vous tombe dans les pommes ?

- Non. Je peux l’immobiliser aussi.

- Ah, au temps pour moi. Ca veut dire que si je t’agresse au milieu de la nuit tu me maintiens au sol, et ensuite ? C’est au premier qui s’endort ? Et si c’est toi, alors je peux me venger sans que tu puisses te défendre parce que tu es épuisée. Cool.

- Tu es en train d’essayer de me prouver que le sport qui m’a sauvé la mise au lycée est nul ?

- Non, non. Juste qu’un agresseur maîtrisé ça n’existe pas, il faut le mettre KO. Et pour ça, il faut quelques petits coups bien placés. Alors viens me montrer ce que t’as dans le ventre, je vais pas t’humilier, promis. »

Akane soupira. Ca lui faisait mal au coeur de l’admettre mais elle avait raison, la vie allait peut-être lui demander de faire preuve de ce genre de violence, même pour se défendre. Elle hésita malgré tout un long moment, gardant en mémoire la facilité avec laquelle sa première attaque s’était retournée contre elle. Et puis …

« Désolé, je peux pas. Je vais te faire mal ou me faire mal. On est pas équipé, même pour s’amuser.  »

Hiro jura, se prenant la tête entre les mains.

 

Quelques minutes plus tard, elles étaient dans la même position, mais avec des gants de boxe. La situation devenait de plus en plus bizarre pour l’étudiante qui était venue faire un peu de sport, mais ça semblait faire plaisir à sa partenaire. Akane prit son courage à deux mains et l’envoya sur son adversaire sous forme d’un coup de poing, pas beaucoup plus puissant que le premier mais qui fit mouche, à sa grande surprise. Bon, certes elle visait une cible en mousse qu’Hiro tenait dans sa main, mais quand même, Akane se sentait plus d’assurance après ce petit coup et les autres vinrent avec plus de facilité, ponctué par de petits expressions motivantes de la part de son coach improvisé. Jusqu’à ce qu’elle se décide à faire des phrases plus longues.

« Tu sais, ce mec dont tu me parlais tout à l’heure - non t’arrêtes pas, continue -, je suis sûre que j’ai plein de point commun avec lui. Je veux dire - plus fort -, je suis riche et, on va pas se mentir, mes parents ont beaucoup de pouvoir et j’en ai pas mal profité - plus fort j’ai dit - et j’ai même déjà demandé des services à une serveuse contre de l’argent. »

Instinctivement, Akane avait tapé beaucoup plus fort et aussi ailleurs, en fait, elle avait essayé de lui faire mal pour de vrai, mais elle avait échoué. Maintenant, elle était énervée pour de vrai. Malgré tout le respect qu’elle pouvait avoir pour Hiro, entaché de la peur de finir dans un fossé, l’idée qu’elle ai pu faire quelque chose d’aussi dégoûtant était impardonnable. Elle baissa les bras, reprenant son souffle. Enfin, c’était sans compter sur Hiro qui ne le voyait pas de cette oeil, jetant ces cibles sur le côté.

« Aller, essais pas de me faire croire que t’as pas envie de me frapper. J’ai eu tout ce que tu n’avais pas, des tonnes de jouet, de quoi manger à me faire exploser le bide tous les jours, j’ai voyagé à des endroits que tu ne verras jamais. Et au lieu de juste en profiter j’ai préféré user du pouvoir de l’argent pour avoir une emprise sur les pauvres comme toi. »

Ok, là elle l’avait cherché. Akane frappa de toutes ses forces dans le ventre d’Hiro qui n’essaya même pas de la contrer. C’était la première fois qu’elle la touchait vraiment, et elle eut l’impression de frapper contrer un mur. Dommage qu’elle ne se soit pas plié en deux, ça lui aurait fait plaisir.

« Aaah mais c’est tout ce dont t’es capable ? Plus fort j’ai dit ! Tu as perdu ton travail à cause de quelqu’un comme moi et c’est tout ce que ça te fait ? Il a détruit ta vie et je suis exactement pareil ! »

Akane recommença à frapper au milieu de la phrase, non pas parce qu’elle semblait le lui demander, juste parce qu’elle voulait la faire taire, qu’elle arrête de lui rappeler ça. Mais plus l’étudiante frappait, plus Hiro élevait le voix et plus elle se rapprochait. Puis sans prévenir, elle arrêta le geste en chemin et colla ses lèvres contre les siennes. Akane la repoussa dès la surprise passée, elle ne la voyait plus tant son comportement était le même que celui de Ryan, elle était folle de rage, incontrôlable. Sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte, elle s’était jetée sur Hiro pour la marteler de toute la force de ces petits poings, jusqu’à la faire tomber. Là, accroupi au-dessus d’elle, Akane enleva ses gants, elle se sentit vainqueur, plus forte que tout ce qui pouvait lui arriver, et en même temps vidé par l’effort qu’elle venait de faire. Hiro aussi était essoufflée, mais un petit sourire fendait son visage.

« Comment tu te sens ?

- Je me sens … Je sais pas.

- Et quand tu penses à lui, tu te sens toujours aussi impuissante ?

- … Non. Je me sens … Tu as fait tout ça pour que je puisse me libérer de ce souvenir, n’est ce pas ? »

Hiro hocha simplement la tête, comme s’il s’agissait là d’une réponse tout à fait banale. Akane passa le bout de ses doigts sur une rougeur qui apparaissait sur la joue de la délinquante. Ca faisait cher payé pour permettre à une pauvre fille de passer ses nerfs, mais elle lui en était reconnaissante, même si une part d’elle se sentait vexée d’avoir été menée en bateau. L’étudiante soupira en souriant légèrement.

“J’ai quand même le droit d’être faible de temps en temps, n’est-ce pas ?” murmura-t-elle finalement, pour elle-même, sans se soucier de l’aspect étrange de ce qu’elle racontait. Tout comme elle ne fit pas cas de la manière dont son ancien agresseur la fit rouler sur le côté, pour inverser les positions, posant un bras de chaque côté de sa tête. Ses gestes étaient redevenus lents et calmes, dénués de la moindre violence.

« Tu as parfaitement le droit d'être faible et de te lamenter. Tu as le droit de pleurer aussi, ou je ne sais quoi. Rien de ce que tu feras ne me dérangera.

- Mais la grande question c'est, est-ce que je suis Akane la guerrière ou bien Akane la fillette pleurnicheuse … ? A force de retenir mes larmes, est-ce qu'elles n'ont pas disparu pour de bon ? Surement que non ... Mais quand même ... Je me demande. Toi, dit-elle en plaçant sa main sur le visage d'Hiro, tu es vraiment une guerrière. Ce n'est pas qu'une image que tu t'es forgée avec le temps, c'est un caractère, une façon de vivre, que tu as acquis par la force des choses …

- Je pense que tu te poses trop de question. »

 

Akane laissa retomber sa main sur le sol et tourna la tête sur le côté, regardant dans le vide, plongée dans une immense réflexion. Il lui semblait qu'elle n'avait fait que ça depuis son arrivée à l’université, réfléchir, se poser des questions. Elle se souleva légèrement, prenant appui sur ses coudes, son visage proche de celui d'Hiro. Elle plongea son regard dans le sien et tenta d'oublier toutes les questions qui embrumaient son esprit d'habitude si clair et lucide. Elle appréciait la compagnie d'Hiro, même si celle-ci paraissait brusque et distante. Elle n'était pas gênée par sa présence ou par ses gestes, même si les rougeurs qui apparaissaient de temps en temps sur ses joues laissaient penser le contraire. Après tout qu'y avait-il de bizarre à rougir d'un compliment ou d'un geste d'amitié, un geste d'affection ? Venant d'un homme, elle aurait pris peur face à leur position, comme cela avait été le cas par le passé. Une petite partie de son esprit lui hurlait de partir avant que cette fille à problèmes ne lui en attire. Et pourtant, Akane restait là. Elle pouvait sentir son souffle tout proche, si elle y avait prêté un peu plus d’attention, elle aurait sûrement entendu les battements de son cœur.

« Encore une fois, merci Hiro, pour ta compagnie, dit-elle avant de se lever un peu plus, assez pour embrasser le front de la jeune fille avant de se laisser glisser au sol à nouveau.  »

Maintenant Akane entendait vraiment le cœur d'Hiro battre, sûrement parce que le sien suivait le même rythme. Sans s'en rendre compte, Akane commença à jouer avec les cheveux d'Hiro qui tombaient sur le sol, les enroulant autour de ses doigts fins, les relâchant, recommençant à les enrouler, à la manière dont elle jouait d'habitude avec les ficelles de sa capuche. Elle aurait voulu parler mais aucun mot ne trouvait son chemin jusqu'à sa bouche. A vrai dire, aucun mot ne semblait se former dans le tréfonds de son esprit, subjugué par le noir des cheveux d'Hiro qu'elle fixait sans vraiment les voir. Elle revint subitement à elle, réalisant la proximité d'Hiro. La main qui jouait avec les longs cheveux noirs vint à nouveau se poser sur le visage de la jeune fille, dessinant ses traits le long de ses pommettes, s'attardant sur le contour de sa bouche.

« Hiro ... Tu viendras en cours avec moi ? Tu n’es pas obligée d’être inscrite après tout, c'est important que tu rattrapes ton retard et puis ... et puis ...Elle marqua une pause, cherchant ses mots, ceux qui sonneraient justes, ceux qui ne la ferait pas rougir, ou pas trop. Et puis j'ai envie que tu viennes ... je ne connais presque personne ici, et les filles que j’ai pu croiser en cours ... je ne leur ai presque pas parlé, pas comme je te parle à toi …  »

Rien ne semblait vouloir transparaître sur son visage de porcelaine, Hiro semblait juste plongé dans ses pensées, sans montrer la moindre gène à cette situation. Elle aurait tout à fait pu en profiter, prendre et jeter sans jamais reparler à Akane. Au lieu de ça, elle hocha la tête, acceptant d’aller en cours dès le lendemain.

 

Un immense claquement fit sursauter Hiro, qui se releva. Tout était noir autour d’elles. Ah oui, la salle fermait à 21h. Quelqu’un avait dû passer sans les voir et penser la salle vide. Voilà qui était plutôt embêtant. Akane se mit à gigoter, se redressant sur ses coudes pour scruter les alentours plongés dans la pénombre. Voilà qui était très embêtant même. Perdue dans ses pensées et dans cette situation intrigante, la jeune étudiante n’avait pas vu le temps passer. Akane se racla la gorge avant de reprendre la parole, rompant ainsi le silence qui s’était installé après la réponse d’Hiro.

« On devrait sûrement y aller, si tu veux bien me rendre l’usage de mes jambes … Rassure-moi, on pourra quand même sortir de là ? On peut appeler quelqu’un de la sécurité.  »

Et voilà, Akane sentait une légère panique l’envahir. Bien commencer une année cela ne se faisait pas en étant raccompagnée chez elle par la sécurité du campus après avoir été enfermée dans une salle de sport avec une fille qu’elle connaissait à peine. Allez du cran, on se lève et on quitte cet endroit. Une fois debout, la jeune fille n’eut d’autre choix que de suivre Hiro en se disant que celle-ci savait sûrement comment sortir d’un endroit fermé à clé. Elle était parfaitement consciente que ce qu’elle pensait de la jeune asiatique était négatif, elle la percevait comme une âme soumise à tous les vices, pourtant, et contre toute logique, elle se sentait en sécurité près d’elle.

 

La porte avait été verrouillée et, quoi de plus normal, compte-tenu de l’heure avancée, mais cela ne semblait pas poser de problème à Hiro qui se contenta de crocheter la serrure avec une facilité déconcertante. Pire que tout, ça ne surpris même pas Akane, qui se sentait seulement soulagé d’être enfin libre.

«  Merci … Je ne te demanderais pas comment tu as appris à crocheter une serrure, je pense que je ne veux pas savoir … une pièce de plus au puzzle Hiro ! Hum donc, je crois qu’il est temps pour moi de rentrer, cette journée a été mouvementée. A demain alors …   »

Akane adressa un sourire à Hiro avant de tourner les talons, direction son dortoir qui se trouvait droit devant elle … Peut être. Plutôt que de se perdre sur le campus à la nuit tombée, l’étudiante décida de demander une dernière fois de l’aide à Hiro, au moins pour la journée. Il suffisait juste de lui indiquer le chemin à suivre pour retrouver le dortoir B, ce que la mystérieuse dealeuse, crocheteuse de serrures et probablement serial-killeuse fit sans hésiter. Cette fois, Akane pouvait rentrer, elle reprit son chemin dans la direction que lui avait indiquée Hiro, ne réfléchissant pas une seule fois à la possibilité qu’elle lui ait donné une mauvaise direction, se retournant juste un instant pour la saluer une dernière fois avant d'accélérer le pas. Ce n’est qu’une fois chez elle, enfermée dans sa petite chambre, qu’Akane réalisa l’absurdité de toute cette soirée. Qu’est-ce qui lui a pris ? Qu’est-ce qu’elle allait faire si Hiro se pointait en cours le lendemain ? Toute la magie de l’instant disparaissait rapidement, comme un brouillard qui se lève. Elle avait invité la fille la plus étrange du monde entier à venir dans un amphi plein d’inconnus qui allaient traversés les 4 prochaines années de sa vie, alors que les simples rumeurs qui courraient sur elle en faisait fuir plus d’un. Et puis, qu’est-ce qu’une fille hors du système scolaire allait bien pouvoir faire là-bas ? Il faudrait attendre le lendemain pour le savoir, mais avant ça, il faudrait à la jeune étudiante une bonne nuit de sommeil pour se remettre de cette première journée. Peut-être que tout deviendrait plus clair après, le lendemain matin.

 

Douchée, fin prête à dormir, Akane jeta un coup d’oeil aux photos sur son mur, juste au dessus de son bureau. Elle haussa finalement les épaules en se disant que ses amies du lycée avaient probablement eu une journée du même genre, que c’était ça l’université, puis elle se laissa tomber sur son lit pour s’y endormir rapidement.



***************



Hiro salua Akane d’un signe de main, la regardant partir dans la nuit. Il n’était pourtant pas trop tard, les risques de se faire agresser à cette heure-ci étaient quasi inexistant. Et puis elle savait se défendre. Pourquoi elle s’inquiétait en fait ? La délinquante n’en avait rien à faire de cette fille, c’était juste une rencontre comme ça, le genre qui traverse la vie pour quelques jours avant de disparaître pour toujours.

- Hey pas mal le morceau. C’est ta prochaine cible ?

Cette voix étrangère la fit sursauter, mais elle ne mit qu’un instant à comprendre à qui elle appartenait. Diego, l’abruti fini qui était venu la déranger en plein jour, dans un lieu public, alors qu’elle était accompagnée. Ce gars était l’archétype du bon et du mauvais dealer en même temps, à la fois né avec un sens des affaires impressionnant, et avec un manque de professionnalisme évident, probablement dû à sa jeunesse. Hiro ne savait pas vraiment quoi penser de lui, son caractère imprévisible et impulsif la m'était mal à l’aise, mais il était agréable et sympathique, le genre qu’on arrive pas à détester.

- Non, j’y ai pensé, au début, mais elle n’est pas aussi stupide qu’elle en a l’air. Si je tente quelque chose je vais juste me faire casser la gueule. Enfin, ça te regarde pas, je t’ai payé alors qu’est ce que tu veux maintenant ?

- Ah, toujours aussi agressive à ce que je vois. Mais comme tu es une de mes meilleurs clientes, je te pardonne. D’ailleurs, j’t’invite à une petite soirée ce soir, pour fêter l’arrivée d’une came de super qualité.

Hiro haussa les épaules, l’idée était tentante mais elle avait un rendez vous tôt le lendemain, avec une petite brunette qui venait de partir. Et aussi … ça.

- Je n’aime pas trop ce genre de réunion. La crème de la crème présente, des tas de clients louches, des policiers infiltrés.

- Haha, Je ne sais pas à quoi on t’a habitué, mais je suis pas assez gros pour ça. Juste les clients de confiance, mes revendeurs les plus fidèles et de quoi s’amuser.

Toujours pas de réaction de la part de la délinquante japonaise. Diego retourna à la charge avec un petit sourire taquin qui inquiéta Hiro plus qu’autre chose. Il s’approcha, posant sur bras sur les épaules de sa cliente médusée. S’il n’y avait pas ce pistolet à sa ceinture, il se serait probablement prit un pain.

- Tu peux pas me le faire à moi. Je vois très bien ta main qui tremblote depuis tout à l’heure, tu le ressens, hein ? Le manque. Ce chant de sirène qui t’appelle, cette veine qui pulse doucement dans ton bras et qui attend l’aiguille qui va la perforer, la fraîche odeur du soir qui rentre dans tes narines, alors qu’elles attendent juste que tu leur donnes un peu de poudre blanche. N’essaie pas de me faire croire que tu n’es pas intéressée. Il y aura aussi de l’alcool, des filles, le paradis sur Terre.

Diego s’éloigna finalement, laissant la japonaise tremblante dans l’obscurité, la tête baissée. Sa volonté tint quelques secondes de plus avant qu’elle ne suive le Tentateur dans la nuit.

 

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